École et université : 2 erreurs à ne plus commettre ! (1/4)
Savoir débusquer les erreurs en lien avec la compréhension des consignes ou un mauvais décodage des attentes.
Dans le système éducatif en général (primaire, secondaire ou supérieur), il est aujourd’hui admis que les erreurs font partie intégrante de l’apprentissage.
C’est sur ce constat que Jean-Pierre Astolfi a conçu son livre L’erreur, un outil pour enseigner, devenu une référence en pédagogie. Il y répertorie les 8 catégories d’erreurs que l’on retrouve assez fréquemment dans la scolarité des enfants et adolescents.
Les erreurs d’apprentissage relevant de la compréhension des consignes de travail
La mauvaise compréhension des consignes est l’une des premières causes d’erreurs mises en avant par Astolfi. Et cette difficulté scolaire concerne autant les élèves d’école primaire que les étudiants !
Lors de la formulation des consignes, il est important pour l’enseignant de décentrer son point de vue : il pourra ainsi mieux repérer les difficultés que pourraient rencontrer ses étudiants.
Quelques exemples de difficultés fréquemment observées
De l’école maternelle à l’université, les élèves peuvent avoir des difficultés à comprendre certains mots de vocabulaire utilisés dans les consignes.
Il est assez fréquent, par exemple, de rencontrer des « verbes mentalistes » difficilement compréhensibles pour les élèves : interprète, compare, analyse, indique, etc.
Certains mots peuvent également avoir un sens différent en fonction de la discipline dans lequel ils sont utilisés. Le verbe « accorder », par exemple, n’aura pas du tout la même signification en musique et en français !
Au-delà du vocabulaire, les difficultés de compréhension peuvent être dues à :
- des difficultés de lecture (par exemple, à cause de troubles dys- ou de troubles d’apprentissage plus généraux) ;
- une mauvaise formulation de l’énoncé ;
- une consigne complexe : « entoure le sujet en vert, souligne le verbe en bleu et encadre le complément ».
A cela, on peut ajouter une mauvaise compréhension de la langue. Pour illustrer ce point, prenons un exemple encore rencontré récemment. La consigne était la suivante (exercice de physique) : « Un pot de fleur tombe d’un balcon. Il met 0,1 s pour passer devant une fenêtre de hauteur 1,25 m. De quelle hauteur est-il tombé par rapport au bas de la fenêtre ?« . Loin de nous l’idée de résoudre cet exercice ici, nous partageons les réflexions d’étudiants (enseignement supérieur) qui, même s’ils ont les capacités de résoudre cet exercice, y échouent car ils parviennent difficilement à comprendre l’énoncé.
Voici quelques interprétations fausses tirées de leurs réflexions :
- « Le pot de fleur tombe pendant 0,1 s avant d’atteindre le haut de la fenêtre. » ;
- « La fenêtre se trouve à 1,25 m du sol. » ;
- « Il tombe durant 0,1 s jusqu’à atteindre le sol. ».
Le rôle de l’enseignant dans la compréhension des consignes
L’enseignant a un rôle essentiel à jouer pour limiter les difficultés de compréhension et faire progresser l’élève en toute sérénité.
En premier lieu, il doit s’assurer d’utiliser un vocabulaire simple que tous les élèves maitrisent. Si certains mots posent problème, ils pourront alors être explicités à l’oral.
D’une façon générale, il est d’ailleurs conseillé de faire une lecture orale des consignes, en particulier en primaire et en secondaire. Les difficultés de lecture-compréhension ne seront ainsi plus un obstacle pour les élèves en difficulté.
Pour finir, la reformulation de la consigne par plusieurs apprenants peut également favoriser la compréhension de l’énoncé.
Les erreurs d’apprentissage relevant d’habitudes scolaires ou d’un mauvais décodage des attentes
Dès leur entrée à l’école, les enfants endossent ce que l’on appelle le métier d’élève. Ils doivent alors décoder un certain nombre d’attentes, parfois implicites, de l’école et de leur enseignant.
De cette posture peuvent découler plusieurs difficultés :
- Les élèves fournissent des réponses non adaptées à la situation pédagogique : l’exemple le plus célèbre est le problème de « l’âge du capitaine » ;
- Ils appliquent des règles sans réfléchir (en orthographe par exemple) ;
- Ils oublient qu’apprendre nécessite une activité mentale et ne se résume pas uniquement à « être gentil », « lever la main avant de parler », « prendre note », etc. ;
- Ils évitent les échecs en décidant de ne pas répondre aux questions trop difficiles, etc.
Le rôle de l’enseignant est donc ici fondamental pour aider les élèves : c’est à lui de clarifier le contrat didactique, afin qu’ils sachent ce que l’on attend d’eux.
Il peut, par exemple, proposer des situations pédagogiques inhabituelles, comme un problème impossible à résoudre.
L’objectif est d’amener chaque apprenant à remettre en question ses acquis, tout en dédramatisant l’erreur dans les apprentissages.
Bon à savoir !
Les enseignants de l’équipe BeneScio.academy* sont formés aux différentes typologies des erreurs d’apprentissage et ont les outils pour les faire évoluer positivement. En étant conscients des sources d’erreurs potentielles, ils peuvent rapidement accompagner l’apprenant vers la réussite !
En effet, lorsque la source de l’erreur est identifiée, il est possible de la corriger et, de ce fait, les problèmes rencontrés ne se représenteront plus à l’avenir.
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Cet article est le premier d’une série de 4 actes inspirés de l’œuvre de Jean-Pierre Astolfi à propos du rôle essentiel de l’erreur au cours de l’apprentissage. Il a été professeur à l’INRP (devenu, depuis, l’Institut Français de l’Éduction -IFE- intégré à l’École Normale Supérieure de Lyon) avant de rejoindre l’université de Rouen. Il a été chercheur en didactique des sciences. Ses recherches consistaient à mieux comprendre comment les apprenants s’approprient les savoirs scientifiques.
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*BeneScio.academy est un service proposé par BeneScio.be
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