Évaluer à l’ère de l’IA : est-ce déjà trop tard ?

ChatGPT et les intelligences artificielles génératives sont arrivés dans nos classes. Pas seulement à l’université : certains élèves du secondaire utilisent déjà ces outils pour rédiger des rédactions, résoudre des problèmes, ou même tricher. Face à cette réalité, les enseignants se demandent : peut-on encore mettre en place des évaluations efficaces à l’ère de l’IA ?

Une revue de littérature récente (Xia et al., 2024), bien qu’axée sur l’enseignement supérieur, apporte des éclairages utiles pour tous les niveaux. En effet, les enjeux sont les mêmes : garder du sens dans nos évaluations, valoriser les apprentissages authentiques, et préparer nos élèves à une société où l’IA est omniprésente.

Ce qui se passe dans le supérieur… commence déjà chez nous

À l’université, de nombreux enseignants constatent que les devoirs à la maison ne garantissent plus l’apprentissage. ChatGPT réussit des examens de médecine, d’économie ou d’ingénierie. Il produit des textes si convaincants qu’ils obtiennent les meilleures notes.

Mais attention : les élèves du secondaire utilisent les mêmes outils. Certains savent déjà demander à ChatGPT : « rédige-moi une introduction sur la Deuxième Guerre mondiale », ou « donne-moi une solution à cette équation avec justification ». Ce deuxième exemple est également la proie de … PhotoMath !

Nous ne pouvons donc pas attendre que le problème arrive à maturité. L’IA remet nécessairement l’évaluation en question. Nous devons agir dès maintenant.

L’IA : menace ou opportunité pour l’évaluation ?

Loin d’être un simple outil de triche, l’IA peut aussi enrichir les apprentissages :

Elle permet un feedback immédiat pour les élèves qui révisent seuls.
Elle favorise l’autoévaluation et le développement de l’autonomie.
Elle offre un cadre de discussion critique autour de la fiabilité des sources, de la reformulation, ou du plagiat.

Mais pour que ces bénéfices soient réels, il faut adapter nos pratiques d’évaluation.

Des solutions concrètes pour le secondaire

Voici quelques stratégies inspirées de l’enseignement supérieur, mais parfaitement applicables en collège et en lycée :

1. Varier les modalités

Alternez devoirs écrits et évaluations orales.
Faites travailler les élèves en présentiel et en groupe.
Utilisez des formats que ChatGPT ne peut pas bien imiter (encore que…) : dessins, podcasts, vidéos, expériences, manipulations.

2. Valoriser la réflexion personnelle

Demandez aux élèves d’expliquer leur raisonnement à l’écrit ou à l’oral.
Posez des questions ouvertes qui impliquent une prise de position ou une opinion argumentée.
Faites-les analyser une réponse générée par IA pour en détecter les erreurs.

3. Intégrer l’IA dans l’enseignement, pas dans la fraude

Montrez à vos élèves ce que l’IA peut (et ne peut pas) faire. En français, en histoire, en mathématiques ou en sciences, vous pouvez :

Utiliser ChatGPT pour générer un texte… que les élèves doivent améliorer.
Comparer plusieurs réponses générées, et discuter de leur qualité.
Faire rédiger un plan par l’IA, puis demander aux élèves de le compléter.

Et les élèves dans tout ça ?

Nos élèves grandissent dans un monde où l’IA est partout. Notre rôle est donc de les aider à :

Développer leur autonomie et leur éthique de travail.
Apprendre à vérifier, comparer, croiser les sources.
Se poser les bonnes questions : « Est-ce que je comprends ce que j’ai écrit ? Est-ce que je pourrais l’expliquer à quelqu’un ? »

L’IA est une nouvelle calculette. Mais savoir appuyer sur un bouton n’a jamais remplacé la compréhension.

Un défi pour les enseignants… et pour les institutions

Dans le secondaire comme dans le supérieur, les enseignants ont besoin de soutien. Il ne suffit pas d’alerter : il faut agir ensemble.

Les établissements peuvent :

Organiser des formations internes sur l’usage de l’IA à l’école.
Réfléchir à une charte d’usage claire pour les élèves.
Encourager des pratiques d’évaluation variées, créatives et authentiques.

Conclusion : l’évaluation avec l’IA est-elle obsolète ? Non, il n’est pas trop tard !

Les outils changent, mais la mission reste la même : faire grandir nos élèves en savoir, en jugement et en autonomie.

ChatGPT ne remplacera jamais un bon enseignant. Mais il peut nous obliger à repenser nos pratiques, à aller plus loin, et à valoriser ce qui compte vraiment : la pensée critique, la créativité, et l’humain.

📚 Source principale : Xia, Q., Weng, X., Ouyang, F., Lin, T. J., & Chiu, T. K. F. (2024). A scoping review on how generative artificial intelligence transforms assessment in higher education. International Journal of Educational Technology in Higher Education. Lire l’article.

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Cet article s’installe dans la continuité des trucs et astuces numériques pour enseignants. Les deux précédents articles développent les thèmes suivants :

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